mercredi 16 janvier 2008

les matins les plus beaux

Je pourrais oublier le reste, tout oublier, ces cons de coups de poing au ventre et les brûlures du froid les jours d’abandon.

Y’a eu de ces matins lumineux et tièdes avec les chaînes en doigts autour des poignets, non tu ne partiras pas de suite parce que j’aime te regarder, là.

Y’a eu de ces matins où j’étais belle, des éclats de jour qui me tombaient dessus et des craquements de tout, on sait même pas d’où ils viennent, d’en haut, d’en bas, de la musique ou des toits, des claquements de cils et des os qui se choquent.

T’as la porte aussi lourde que mon cœur est léger, je voudrais que les escaliers ne s’arrêtent jamais de descendre, pour regarder en l’air et sentir encore le matin.

Longtemps après c’est comme si rien n’avait changé, sauf les escaliers, j’ai juste eu peur de venir mais je me file des coups, c’est bon comme ça dans le corps.

mercredi 9 janvier 2008

passé simple

Personne ne m'a jamais demandé le nom de Gloria, pourtant je me souviens que je l'ai toujours eue sur les talons depuis que mon monde est mon monde . Et c'est bien son avis qui compte le plus, elle est plus spirituelle que moi. Plus cynique aussi, et jamais amoureuse. Elle m'a fait la belle vie pendant de longues années, et même quand c'était moche comme quand les gens se font des projections dégueulasses et qu'elles te tombent dessus depuis la fenêtre du haut, elle m'achetait des stylos à rouler entre mes doigts, et on faisait des chasses aux trésors et des charades. Gloria elle aime les gens simples, les intelligents, les calmes. Mais elle est jamais tranquille à cause de moi, avec mes conneries débordantes.
Pardon Gloria, j'aimerais que tu sois plus insouciante. Je vais te fabriquer un jeu tu verras, tu seras la belle et moi je ferai des merveilles. Sous les mots, dans le corps

samedi 5 janvier 2008

putain t'es moche

J'ai pas aimé me mettre dans la chambre d'à côté et faire du bruit pour la réveiller. Ce que j'ai encore moins aimé, c'était d'avoir déjà vu ce qui allait arriver ensuite, et vouloir quand même que ça arrive encore. Quand j'ai sorti la tête, ça m'a fait comme un choc, je me suis dit que c'était dégueulasse et je me suis pas trop aimée.
Elle avait des perfusions partout et une chemise de nuit blanche, y'avait quelqu'un qui avait la tête posée sur son lit. Je savais pas trop si elle était encore vivante, ni si elle était endormie ou dans le coma, je savais juste qu'elle allait sursauter, se lever, et se faire tirer dessus par des snippers. Et je le voulais, même si je ne sais pas encore pourquoi. Elle avait pas une tête d'hopital, elle avait des couleurs comme au cinéma.
J'aime pas dans les films quand les filles se réveillent coiffées et maquillées, le matin tes cheveux sont aplatis du côté où t'as dormi, et t'as une méchante bosse de l'autre côté, le visage gonflé comme si t'avais fait une cure d'alcool et une haleine de chalutier.

Putain t’es moche quand t’es faux comme ça, tu joues mal et t’as pas grandi de partout. T’es moche quand t’es petit dans l’horizon, petit d’esprit, petit du cœur. Ce matin j’avais honte de toi et honte de l’avoir réveillée. Au moins sa chemise de nuit blanche, c’est pas un déguisement.

vendredi 4 janvier 2008

encore un jour

Je marchais à pas de fourmis sur le bord du trottoir en faisant bien gaffe de pas tomber dans la lave. J'étais super concentrée sur mes pieds et j'ai pas vu venir la vieille déguisée en taureau. Un taureau avec des chaussons jaune et poilus, je pensais qu'il s'était fait manger les pieds par de très gros poussins.
La vieille m'explique qu'elle est venu pour prendre des photos d'Elvis, mais qu'elle a complètement oublié qui il était, d'ailleurs elle n'était même pas sûre de l'avoir déjà su. Mais moi je devais rester concentrée sur le trottoir, mes pieds et la lave, en plus je voyais au loin mon propriétaire qui me poursuivait avec des factures et une tapette à mouches, vraiment énorme. Je dis à la vieille pardon de vous avoir télescopée madame mais vous savez, je suis extrêmement pressée , et elle me répond que je peux l'appeler Mohida, parce qu'en fait c'est bien comme ça qu'elle s'appelle. Trois minutes plus tard et mon banquier toujours aux trousses je me souviens que mon vélo est garé juste à côté, et je pars sur le fil en pédalant de toutes mes forces. Je me retourne... personne ! J'ai dû aller trop loin, y'a vraiment plus de vie là. Je décide qu'une sieste me fera le plus grand bien, heureusement j'avais un lit dans mon sac. Et là le cauchemar qui s'annonce, le banquier caché dessous, j'essaie de courir et je m'entrave à moitié dans mon pyjama trop large alors je fais de très grandes enjambées et j'atterris dans le bac à sable ooooooooooooooh le nouveau record du monde, 15m74 au triple saut, le commentateur n'en peut plus, mon banquier me porte sur mes épaules car il est en fait mon entraîneur, les athlètes me font la gueule et tout le public est mort.

Et le réveil sonne, la météo à la fin de ce journal.

jeudi 3 janvier 2008

ma tente est dans la pente

Mais qui voudra bien se souvenir de mes grandes réussites ? En imaginant qu'il m'arrive un jour d'en remporter, et ce si la vie commence dès maintenant à me céder une part de chance, ou du moins d'absence de poisse...
Et moi j'ai toujours droit à ce que je ne voulais pas attendre, le muscle qui devrait même pas exister, après le nerf ou la bile, ça dépend.
T'as ce mec trop fort pour pas me casser en deux qui vient avec son sourire plein de références, et moi je lui dis non mais oh superman, je t'avais juste demandé un soda, la bête morte et les fruits c'était pas obligé ! Il est plein de bonnes intentions, ça je sais, et c'est toujours très difficile de dire non mais merde à quelqu'un qui essaie de bien faire, m'enfin c'est pour ça je crois qu'on a créé le tact dont j'essaie de me pourvoir. J'y mets les formes, j'enrobe de ces formules qu'un génie de la diplomatie a créées pour ne souffrir aucune forme d'insistance. Le genre non merci, j'ai vraiment pas faim là. Enfin bref, y'a ce héros ici qui sert de souffre douleur à tous les utérus et qu'on cite en modèle pour que les cons deviennent toujours plus cons, et les agneaux toujours plus cons aussi, il est dans l'incompréhension bien sûr, on peut pas être grand, fort, courageux et fin psychologue bien qu'on puisse tout à fait réussir la performance de n'être rien de tout ça.

- tu me trouves stupide

- mais non, pas stupide, juste... on se comprend pas c'est tout

- oui mais tu te dis que c'est parce que je suis trop bête

- t'es pas bête, t'es... simple... t'es gentil quoi, t'es pas un pervers

- mais si j'étais pas si gentil, tu m'aimerais,... beau et con, ça te plairait

- ...

- tu crois que les gentils c’est comme les rêves, c’est juste là pour pouvoir s’échapper dedans quand le reste est vraiment moche… genre, c’était bien cette nuit, mais je vais quand même pas sortir avec cette tête d’oreiller ?